
En coulisse
Ces nouveaux Mac sont attendus la semaine prochaine
par Samuel Buchmann
Le prochain macOS « Tahoe » sera le dernier système d’exploitation à prendre en charge les puces Intel. Pour conserver un Mac fonctionnel à l’avenir, vous pouvez faire comme moi et passer à Linux. Il y a toutefois quelques obstacles à prendre en compte pour les derniers modèles avec processeur Intel.
Dans trois ans, c’en sera fini de macOS sur votre Mac à processeur Intel : les mises à jour de sécurité pour le prochain macOS Tahoe ne sont prévues que jusqu’en 2028. Ensuite, Apple ne prendra plus que ses propres puces M en charge. Mais comme mon MacBook Pro 16 de 2020 faiblissait déjà sous macOS Sequoia, je suis passé à Linux Kubuntu il y a un mois.
En revanche, la puce de sécurité T2 intégrée m’en a fait voir de toutes les couleurs... Celle-ci rend en effet le pavé tactile et le clavier de mon MacBook inutilisables pour le moment sous Linux.
En 2028, les huit années de mises à jour de sécurité promises par Apple pour ses appareils Intel toucheront à leur fin. Vu leur excellente fabrication et leurs spécifications, ces ordinateurs resteront néanmoins suffisamment performants pour accomplir sans problème les tâches quotidiennes. Il serait donc dommage de les remplacer comme ça.
C’est là que le système d’exploitation open source Linux intervient. L’une des caractéristiques les plus remarquables de Linux est qu’il fonctionne sans problème sur du matériel ancien. Il existe en outre une grande diversité de distributions, adaptées à une multitude de besoins et d’exigences. Certaines sont d’ailleurs spécialement optimisées pour du matériel qui date un peu. Elles se distinguent par leur gestion efficace des ressources et leur architecture épurée. Vous pouvez par exemple continuer d’utiliser un Mac de 2013 !
Linux donne aussi accès à des packs de logiciels actuels et sécurisés. Les distributions Linux bénéficient d’une maintenance et de mises à jour en continu. Cela remédie rapidement à d’éventuelles failles de sécurité et vous profitez constamment de nouvelles fonctionnalités. C’est un avantage énorme par rapport aux vieilles versions macOS.
Linux permet ainsi de prolonger considérablement la durée de vie de votre vieux Mac. Cela a du sens, tant sur le plan financier qu’écologique.
L’installation de Linux est un jeu d’enfant sur la plupart des appareils Mac. Entre la préparation et l’installation effective du nouveau système d’exploitation ne s’écoule qu’une petite demi-heure. Comme je suis déjà passé de Windows à Linux il y a quelques mois sur mon PC de bureau, je sais comment ça se passe. Enfin, c’est ce que je croyais. C’était tellement simple que je me suis attelé au même processus pour mon MacBook : télécharger le fichier ISO, l’enregistrer sur une clé USB bootable et exécuter le fichier pour installer la distribution Linux de mon choix.
Jusqu’ici, tout se déroule comme prévu dans mon projet d’installation Linux sur Mac. Mais lorsque j’ai voulu choisir la langue dans le menu d’installation, impossible ! Ni avec le pavé tactile, ni avec le clavier intégré. Rien ne se passait. Ça n’a fonctionné qu’en branchant un clavier et une souris externes. Qu’est-ce qui n’allait pas ?
Le problème, c’est la puce T2 d’Apple. Il s’agit d’une puce de sécurité qui a été intégrée dans les derniers Mac à processeur Intel d’Apple. Retrouvez la liste exacte de ces derniers ici. Cette puce offre différentes fonctions de sécurité et de contrôle au système d’exploitation. La communication entre le pavé tactile/clavier et le système fait ainsi partie de ses tâches. Mais comme Apple n’a pas divulgué les informations nécessaires sur les pilotes pour les distributions Linux, le noyau Linux ne reconnaît pas le pavé tactile et le clavier.
Comme d’habitude, il existe des solutions de contournement à ce problème. Elles exigent toutefois beaucoup d’efforts et de compétences, comme l’installation manuelle des modules de noyau appropriés. Heureusement, la communauté Linux est extrêmement active. Le projet t2linux propose sur son site Internet (en anglais) les modules du noyau, mais aussi des ISO adaptés à diverses distributions Linux, dont Arch, Fedora et Ubuntu. Ceux-ci permettent d’utiliser le noyau adéquat dès l’installation du système d’exploitation. Je n’ai pas donc besoin de brancher un clavier et une souris externes, je peux me contenter d’installer Linux avec pavé tactile et clavier intégrés.
En plus des ISO, vous trouverez des instructions détaillées sur l’installation des distributions et des réponses aux problèmes les plus fréquents. Grâce à t2linux, l’installation de Linux sur un Mac équipé d’une puce T2 est aussi simple que sur un PC. Enfin presque, parce qu’en ce qui me concerne, ça n’a pas été si simple.
Au départ, je voulais essayer CachyOS, basé sur Arch, sur mon MacBook. L’installation a fonctionné grâce à t2linux, mais malheureusement, quelque chose clochait avec le pilote du ventilateur. Celui-ci s’est rapidement mis à tourner à fond alors que j’avais suivi les instructions d’installation du pilote.
J’ai donc décidé de rester fidèle au principe macOS pour le moment et j’ai essayé Ubuntu. En effet, Ubuntu imite le système d’exploitation d’Apple. Même si j’utilise macOS depuis des années, je n’ai pas réussi à prendre en main GNOME, l’interface graphique d’Ubuntu. Elle n’a aucun sens à mes yeux. J’ai donc suivi ce guide et suis passé au bureau KDE Plasma. Cette interface ressemble à celle de Windows et je l’utilise également sur mon PC de bureau doté de la distribution Linux Bazzite.
J’utilise cette configuration depuis un peu plus d’un mois maintenant... et je ne veux plus revenir à macOS. Mon MacBook Pro tourne beaucoup plus vite grâce à ce système d’exploitation plus léger. Cela se répercute également sur l’autonomie de la batterie : avec macOS, la batterie ne tenait pas une journée de travail, avec Kubuntu, il me reste plus de 10 % de batterie après 8 heures et 24 minutes ! Bref, mon MacBook âgé de cinq ans a retrouvé une seconde jeunesse.
Malheureusement, Kubuntu n’a pas totalement résolu le problème du ventilateur. Celui-ci se met en marche plus souvent qu’avec macOS, sans pour autant tourner à pleine vitesse comme sous CachyOS.
J’espère pouvoir continuer à utiliser le MacBook comme outil de travail portable après 2028. Ça ferait du bien à mon porte-monnaie et à la planète. Accessoirement, je me sens encore plus unique lorsque le logo Ubuntu apparaît à l’écran à la place de la pomme d’Apple.
La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.