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Larian Studios
Point de vue

Plus personne ne finit les jeux – pourquoi donc sont-ils si longs ?

Domagoj Belancic
11/3/2025
Traduction : Sophie Boissonneau

J’ai cherché à savoir à quelle fréquence les joueuses et joueurs arrivent réellement au bout des jeux vidéo. Je suis choqué par mes propres conclusions.

Quand je suis pris de nostalgie, il m’arrive de parcourir ma bibliothèque de jeux sur la PS5 pour me remémorer des souvenirs. Je regarde aussi les trophées que j’ai débloqués. Or, lors de mon dernier retour dans le passé, j’ai remarqué quelque chose de choquant dans l’un de mes jeux préférés :

Seuls 25,1 % des joueuses et joueurs possédant le jeu ont débloqué le trophée de fin de « Red Dead Redemption 2 ».

Voilà qui éveille ma curiosité. Je continue à faire défiler la liste des titres auxquels j’ai joué le plus longtemps et j’examine de plus près les trophées et statistiques. Chaque nouvelle découverte m’étonne encore plus que la précédente.

Horizon Forbidden West n’a été terminé que par 29,7 % des joueurs et joueuses. Seuls 20,1 % des personnes ayant joué à Fallout 4 en ont vu la fin. Quant à GTA V, seuls 16,8 % des joueuses et joueurs en sont venus à bout.

Impossible, me suis-je dit, personne ne finit donc les jeux ? Pour en avoir le cœur net, je décide de me lancer dans une analyse des statistiques, achievements (réussites dans les jeux) et trophées. Deux points m’intéressent particulièrement :

  • en dehors des exemples cités ci-dessus : quel est le taux d’achèvement des jeux en général ?
  • Mes exemples étant tous des jeux assez longs, vient-on plus facilement à bout des jeux courts ?

Mon analyse

Pour que mon analyse soit exhaustive, je décide de m’intéresser à des jeux qui ont une certaine pertinence et une certaine portée.

Je décide d’examiner le taux de clôture des 100 titres les mieux notés des deux dernières années (2024 et 2023). Je ne prends pas en compte les jeux exclusifs à la Switch, car ils ne proposent pas de trophées ou d’achievements.

Le résultat : un nombre effarant de joueurs ne finissent pas les jeux

Dans le tableau ci-dessous, vous trouverez tous les jeux que j’ai passé au crible. Vous pouvez les trier par durée moyenne de jeu, par taux d’achèvement et par note. Vous pouvez également utiliser le champ de recherche pour trouver un jeu précis.

L’impression que j’avais en consultant les trophées se confirme : très peu de personnes vont au bout des jeux.

En moyenne, seuls 38,8 % des acheteurs et acheteuses terminent leurs jeux, pour une durée moyenne de 17,9 heures par jeu.

J’examine ensuite s’il existe un lien entre la durée des jeux et le taux d’achèvement. On peut effectivement supposer que les jeux courts sont plus souvent terminés que les jeux longs.

Ci-dessous, vous pouvez voir les 100 jeux ordonnés dans un diagramme de dispersion. L’axe Y représente le taux d’achèvement en pourcentage, l’axe X, la durée de jeu. La ligne grise indique la tendance des données représentées. Vous pouvez cliquer sur les points pour voir quel jeu se cache derrière (pour les personnes sur mobile, le mieux est de zoomer avant de cliquer).

Il existe une faible corrélation négative (r = -0,24) entre la longueur d’un jeu et son taux d’achèvement. En d’autres termes, plus un jeu est court, plus le nombre de personnes en venant à bout est grand.

Par exemple, le drame d’horreur psycho Mouthwhashing atteint un fort taux d’achèvement de 79 % pour une durée de 2,5 heures. À contrario, le monster RPG Baldur’s Gate III et ses quelque 70,5 heures de jeu n’est terminé que par 22,9 % des joueuses et joueurs.

En résumé, on constate que le taux d’achèvement des jeux étudiés est en moyenne faible. La longueur d’un jeu a tendance à avoir un effet négatif sur le taux d’achèvement, mais la corrélation plutôt faible laisse supposer que d’autres facteurs ont également une influence sur ce taux.

Pourquoi finit-on rarement les jeux ?

Même si mes conclusions me choquent au départ, elles ne viennent pas de nulle part. Le temps est un bien précieux qui se fait de plus en plus rare avec l’âge. Or, l’âge moyen des joueurs et joueuses ne fait qu’augmenter, en Suisse comme ailleurs.

Selon une étude de l’institut LINK et de l’agence de jeux MYI, l’âge moyen des gamers et gameuses en Suisse est de 39,1 ans. Iels consacrent en moyenne six heures par semaine à leur hobby.

Cela peut paraître énorme au premier abord, mais si l’on met ce chiffre en perspective avec la durée des jeux analysés ci-dessus, tout s’éclaircit. Ainsi, à raison de 6 heures par semaine, un ou une joueuse moyenne mettrait environ trois mois à terminer la quête principale de Baldur's Gate III. Pour vraiment tout voir du jeu, il faudrait environ sept mois !

J’ai moi-même, en tant que joueur professionnel de jeux vidéo, une « pile de la honte » dans laquelle s’accumulent les nombreux jeux que je n’ai jamais pris le temps de finir, distrait par un nouveau jeu.

Selon l’étude, les nouveaux jeux solo ne représentent qu’environ 8 % du temps de jeu total. Logique. Lorsque l’on investit son temps de jeu hebdomadaire dans un de ces jeux éternels, on n’a que peu de temps pour finir de nouveaux jeux.

Alors pourquoi les jeux sont-ils si longs ?

Ce que je ne comprends pas, en revanche, c’est la perspective des éditeurs et des studios de développement. Les statistiques d’achèvement des jeux sont publiques. Dans le contexte de l’explosion des coûts de développement des jeux AAA, il semble totalement déplacé de dépenser des millions de dollars pour produire des contenus que la plupart des joueuses et joueurs ne verront pas de toute façon.

Alors pourquoi de plus en plus de jeux sont-ils si longs aujourd’hui ? Quel peut bien être l’intérêt pour Ubisoft, par exemple, de sortir un jeu monstre comme Assassin’s Creed : Valhalla et ses 61 heures de jeu, que seuls 4,4 % des joueuses et joueurs termineront ?

Je suppose que nous, les gamers, en sommes les premiers responsables. Ainsi, nombre d’entre nous confondent la longueur d’un titre avec sa qualité et sa valeur. En m’attardant sur les critiques Steam de jeux courts, je tombe souvent sur des commentaires comme celui-ci sur Senua’s Saga : Hellblade II : « 7,1 heures et c’est fini […]. C’est un peu court pour 50 dollars. Attendez qu’il soit en promo. »

Résultat des courses, les studios sortent de plus en plus de jeux AAA artificiellement prolongés à grand coup de contenus inutiles pour donner l’impression d’un bon rapport qualité-prix aux joueuses et joueurs. Même les titres solo deviennent des jeux infinis avec des contenus chronophages, des saisons et des microtransactions.

Les jeux plus courts en souffrent également, car ils sont en concurrence avec un nombre grandissant de titres ultra-longs qui ne laissent guère de temps aux joueuses et joueurs. Finalement, personne ne semble se soucier de savoir si quelqu’un a le temps de jouer à tous ces jeux.

Photo d’en-tête : Larian Studios

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Ma passion pour les jeux vidéo s'est éveillée au jeune âge de cinq ans avec la Gameboy originale et a grandi à pas de géant au fil des ans.


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