Au moindre écran de chargement, mes yeux se détournent vers mon deuxième écran. Mon expérience de jeu et mon niveau de gaming en pâtissent.
Mon cerveau de singe est impatient. À la moindre interruption ou cinématique, mon cerveau scanne mon champ de vision à la recherche de nouvelles images. C’est la raison pour laquelle je ne lis pas les astuces du jeu qui s’affichent pendant l’écran de chargement, je ne suis pas les dialogues des cinématiques et je ne prends pas part aux discussions stratégiques avec mes partenaires de jeu entre les parties.
Tellement de vidéos à regarder, et si peu de temps. Source : Valentin Oberholzer
DJ Khaled, l’ennemi juré de l’immersion
Chaque fois que je tourne légèrement la tête vers la droite en direction de mon deuxième écran, je suis arraché du monde du jeu. Dans ces conditions, il est difficile de s’immerger dans le jeu, ce qui est pour moi la condition sine qua non pour profiter d’une session gaming. Chaque regard latéral me rappelle que je vis moins dans un monde de commandants et de parchemins magiques que dans un monde de scooters électriques et de déclarations d’impôts. Comment puis-je me plonger dans un univers fantastique si je distingue DJ Khaled manger des ailes de poulet dans la version américaine de Hot Ones du coin de l’œil ?
« It’s a cold world, bundle up! » – DJ Khaled. Source : Valentin Oberholzer
Je me laisse distraire et c’est flagrant dans les jeux multijoueurs. Quand le deuxième moniteur est allumé, je suis moins concentré et je fais plus d’erreurs. Même pas besoin de lancer des vidéos. Les images du Net faites pour attirer mon attention (clickbait images en anglais) m’éloignent de mon écran principal, et mon équipe en fait les frais.
Un cercle vicieux s’installe. Je vous donne un exemple : dans Smite, mon personnage met jusqu’à une minute à respawn, selon la phase de jeu. Je pourrais profiter de ce temps pour acheter des objets, analyser le style de jeu de mes coéquipiers et de mes adversaires et repérer les objectifs à sécuriser sur la carte. Vous l’aurez deviné...
À ma résurrection, je m’élance sans but sur la map, je me laisse embarquer dans un combat sans espoir et peu de temps après, je me demande pourquoi je suis de nouveau mort. Ce qui me ramène à mes petites vidéos rigolotes, loin de mes déboires en jeu et de mon équipe qui commence à m’insulter (à raison) dans le chat. Et c’est ainsi que je sombre dans une spirale infernale pavée de ma propre futilité.
La camisole de force
Le pire, c’est que je suis conscient qu’en plus de passer à côté de ma propre partie, je gâche aussi celle de mon équipe. Je ne peux pas m’empêcher de regarder l’autre écran.
C’est la raison pour laquelle j’ai recours à des mesures de plus en plus radicales. Pour me concentrer, j’éteins le deuxième écran. La seule chose plus ennuyeuse qu’un écran de chargement est un écran complètement noir. Si j’y arrive, je range aussi mon téléphone portable hors me ma portée afin de ne pas succomber à la terrible tentation de cet autre écran, non moins redoutable.
Ce comportement me permet de rester présent physiquement et mentalement. Au lieu de m’instruire sur le dernier résultat de votation en Suisse, j’en apprends un peu plus sur la politique de l’univers Warhammer. Je préfère consacrer toute mon attention à un seul média plutôt que de la répartir sur plusieurs et de ne pouvoir vraiment en apprécier aucun. Tout compte fait, je crois que mon cerveau de singe est trop bête pour faire du multitâche.
Écran secondaire
Que faites-vous sur votre deuxième (ou troisième) écran ?
Mes refuges portent des noms comme la Terre du Milieu, Skyrim et Azeroth. Si je dois les quitter en raison d'obligations de la vie réelle, leurs bandes-son épiques m'accompagnent au quotidien, à la LAN party ou à la session D&D.
Point de vue
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