Pas le temps, pas l'occasion, pas l'envie ; dès qu'un enfant est là, le sexe disparaît. Une experte explique pourquoi cela se produit et comment les « sex dates » peuvent aider.
Mais la sexologue et psychothérapeute Dania Schiftan dit aussi que cette réalité peu palpitante est aussi acceptable. Après tout, le sexe ne doit pas toujours être un feu d'artifice. Dans l'interview, elle parle du manque d'envie après l'accouchement, du sexe comme ressource pour se détendre et de la capacité à saisir les opportunités.
En tant que parents, la vie sexuelle requiert d'autres compétences. La capacité de laisser venir l'appétit en mangeant.
Dania Schiftan
Que faire dans ces cas-là ? La chose à faire est avoir une vraie conversation. S'asseoir ensemble, réfléchir, planifier et faire face aux sentiments. Et plus précisément aux sentiments des deux parties. Même celui qui veut plus de sexe doit être pris au sérieux. La compréhension éternelle du manque de désir de l'autre n'est pas non plus une solution.
Peut-on réapprendre le sexe en tant que parents ? Absolument. Et la sexualité peut finir par être encore meilleure qu'elle ne l'était avant.
Le sexe et le désir ne doivent pas nécessairement être spontanés. Après tout, nous planifions aussi nos sorties au restaurant ou nos vacances bien-être.
Dania Schiftan
Dania Shiftan travaille depuis 14 ans comme sexologue et psychothérapeute dans son cabinet à Zurich. Elle travaille en tant que psychologue pour Parship. Vous trouverez plus d'informations sur elle et son travail dans l'interview que j'ai menée avec elle :
Maman d'Anna et d'Elsa, experte en apéritifs, passionnée de fitness en groupe, aspirante ballerine et amatrice de potins. Souvent multitâche de haut niveau et désireuse de tout avoir, parfois chef en chocolat et héroïne de canapé.
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« Hier, nous avons eu une séance de sexe parental », écrivait la blogueuse australienne Constance Hall dans un post il y a quelques années. « Ce sont les trois minutes et demie qu'il vous reste entre changer les couches et préparer le repas. Lorsque vous remarquez que vos enfants sont un peu distraits et que vous vous rendez compte que vous n'avez pas fait l'amour depuis près d'un mois et que vous commencez à avoir l'impression d'être de simples colocataires. » Elle a semblé parler à de nombreux couples avec sa franchise et son message est devenu viral.
Dania Schiftan, dans combien de lits parentaux est-ce le calme plat ? Dania Schiftan : dans beaucoup. Et dans beaucoup d'autres, il se passe plein de choses. Il existe des couples qui tiennent à leur sexualité et qui profitent énormément du fait de faire régulièrement l'amour en plus de leur vie de famille. Pour eux, le sexe est une ressource pour se détendre et se ressourcer. D'autres, en revanche, se ressourcent plutôt dans leurs hobbies ou leurs emplois. Ou alors, ils préfèrent se détendre en prenant un bain.
Si l'on ignore la quantité, les parents peuvent-ils avoir de bons rapports sexuels malgré des enfants en bas âge ? Même question : les parents peuvent-ils passer des vacances bien-être à deux malgré des enfants en bas âge ? Ou profiter d'un dîner sans enfants ? Là, la réponse est claire : bien entendu. Alors pourquoi ne pourraient-ils pas avoir de bonnes relations sexuelles ? Cependant, de nombreux couples de parents n'arrivent pas à s'adapter, car ils n'ont pas eu à restreindre leur vie sexuelle auparavant. Ils ont l'habitude de faire l'amour quand ils en ont envie et quand ils ont du temps l'un pour l'autre. Avec les enfants, cela ne fonctionne plus.
Qu'est-ce qu'ils doivent adapter ? La vie sexuelle exige désormais d'autres compétences. La capacité de saisir les opportunités lorsqu'elles se présentent, de laisser venir l'appétit en mangeant. Ressentir de l'excitation lorsque le corps est touché, même si ce n'est pas tout à fait parfait sur le plan émotionnel. Beaucoup ont appris que les organes sexuels ne font écho que si les émotions s'accordent ou si l'on est fraîchement amoureux. Cela ne fonctionne plus en tant que parents. Peut-être que tu es énervée ou complètement épuisée. Ou tu as peut-être aussi reçu assez d'amour de la part des enfants qui sont collés à toi toute la journée. Dans ce cas-là, le désir n'est souvent pas là au début. Mais il peut venir si tu te laisses aller.
Ce sont souvent les mères qui n'ont pas envie ; est-ce un cliché ? Pas nécessairement. Mais ce sont souvent les femmes qui ont appris que le sexe est lié à des émotions positives. Deuxièmement, de nombreuses femmes considèrent les rapports sexuels avec leur partenaire comme un effort plutôt que comme un bénéfice. Par exemple, parce qu'elles n'ont pas d'orgasme ou qu'elles n'y parviennent que très difficilement. Dans ce cas, elles préfèrent la masturbation au sexe à deux.
L'image corporelle joue-t-elle un rôle important ? Après une grossesse, de nombreuses femmes ont du mal à accepter leur nouveau corps. Absolument. Les femmes grandissent souvent avec une mauvaise image de leur corps. Pour elles, leur corps n'est ok que s'il correspond à leur idéal. S'il change après une grossesse, elles ne se sentent plus désirables. Résultat, elles ne se concentrent plus sur leurs sensations pendant les rapports sexuels. L'esprit qui se juge lui-même plane au-dessus de ces femmes et leur dit en permanence où se trouvent les bourrelets. Mais elles ne se rendent pas compte que cela n'intéresse pas du tout leur partenaire. Plus elles se laissent aller et s'abandonnent à leurs sens, plus la silhouette devient insignifiante.
Qu'en est-il de l'inverse : pourquoi les pères n'ont-ils pas envie de faire l'amour ? Cela n'est pas rare et peut avoir différentes raisons. Les uns sont sollicités par leur nouveau rôle de père. D'autres ont en tête des images de l'accouchement dont ils ne peuvent pas se défaire. De plus, beaucoup considèrent le sexe comme une sorte de sport de compétition dans lequel les performances doivent être au rendez-vous. Parfois, c'est effectivement l'érection qui en pâtit, car après l'accouchement, ils ressentent moins de choses dans le vagin de leur partenaire. Ou parce qu'ils se sont habitués à l'image de la femme, qui est soudain différente. Par exemple, les seins plus volumineux pendant l'allaitement.
Deux semaines ou deux ans : le temps qui s'écoule avant que les parents aient leur premier rapport sexuel après une naissance varie.
Que faire si la vie sexuelle stagne longtemps ? Quand cela devient-il un problème ? Certains couples remettent le couver deux semaines seulement après la naissance. D'autres, ne refont l'amour qu'au bout d'un an ou de deux ans. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Le problème se pose lorsque le couple n'est pas d'accord. Si une partie est insatisfaite et veut changer la situation plus tôt que l'autre. Dans ce cas, les choses se compliquent pour les deux : la partie qui ne veut pas de relations sexuelles, se sent mal et oppressée et l'autre partie se sent mal parce qu'elle veut quelque chose contre la volonté de l'autre. La revendication passive ne sert à rien, tout comme le refus passif.
Comment les couples font-ils ? Les possibilités sont nombreuses. Je les aborde en détail dans mon livre Keep it coming. L'important est de retrouver sa curiosité vis-à-vis de l'autre. Nous pensons connaître nos corps par cœur, alors que nous ignorons tant de choses sur nous-mêmes et les autres. Je recommande aussi de se faire des caresses sans sexe. Le fait que les caresses ne soient pas toujours considérées comme une introduction au sexe enlève un grand poids pour l'autre partenaire. Mais avoir des relations sexuelles est tout aussi important : saisir l'occasion quand elle se présente et ne pas attendre que les deux aient envie l'un de l'autre. Les « sex dates » sont une bonne option.
Se fixer des rendez-vous pour faire l'amour ne semble pas du tout cuit. Est-ce que cela marche vraiment ? Oui. Comme je l'ai dit, le sexe et le désir ne doivent pas être spontanés. Encore moins quand on a des enfants. Après tout, nous planifions aussi nos sorties au restaurant ou nos vacances bien-être et nous nous réjouissons. Il en va de même pour la sexualité. En même temps, nous pouvons apprendre que le sexe planifié ne doit pas toujours être génial. Il n'est pas toujours nécessaire d'opter pour un menu gastronomique de douze plats. Parfois, on peut aussi choisir la restauration rapide.
Que ce soit du fast-food ou un menu gastronomique : quand est-ce trop ou pas assez ? Il n'y a ni mesure ni quantité. Chaque couple doit pouvoir apprécier la forme de sa sexualité. Comme facteur d'union, mais aussi comme ressource pour soi-même. Que ce soit une fois par semaine, une fois par mois ou moins, cela n'a pas d'importance. En principe, nous avons plus souvent recours aux choses qui nous font du bien physiquement et mentalement qu'à celles qui sont perçues comme fatigantes. Il en va de même pour le sexe : il est censé faire du bien.
