
Guide
Tout sur la sexualité
par Natalie Hemengül
Beaucoup de choses changent quand on devient parent, surtout pour les femmes qui voient comment leur rôle de mère influence, voire redéfinit, d’autres domaines de leur vie. Dania Schiftan, psychothérapeute de profession, révèle les questions le plus souvent posées par les mamans.
Je ne suis pas maman et je ne le serai peut-être jamais, car je ne sais pas encore vraiment ce que je veux. J’apprécie donc d’autant plus les échanges que je partage avec de (jeunes) mamans. Que ressentent ces femmes ? Comment leur vie et leur image d’elles-mêmes ont-elles changé ? Quels sont les beaux aspects de la maternité ? Quels sont les côtés plus sombres ?
Dania Schiftan répond à ces questions dans le cadre de sa profession. Dans son cabinet zurichois, cette psychothérapeute et sexologue clinique offre une écoute attentive aux femmes confrontées à des défis liés à leur rôle de mère. Je me suis entretenue avec Dania, elle-même mère de deux enfants, pour mieux comprendre les préoccupations les plus courantes des mères qui sollicitent ses conseils. J’ai surtout voulu savoir quelles solutions Dania leur recommande.
« Depuis que je suis devenue mère, je ne me sens plus désirable. Comment puis-je renouer avec mon plaisir sexuel et mes sensations corporelles ? »
Dania souligne que la question de la sexualité liée à la maternité constitue un enjeu majeur pour de nombreuses femmes, et ce, à des degrés très variés. « Devenir mère entraîne des transformations profondes sur les plans psychique, physique et émotionnel. Avant la grossesse, il est difficile de mesurer à quel point ces changements seront marquants », explique l’experte.
La grossesse à elle seule provoque souvent une transformation fondamentale. Contrairement aux idées reçues, elle ne se termine pas « simplement » avec l’accouchement. « De nombreuses femmes constatent que leur corps perçoit les sensations différemment, que le toucher peut provoquer des douleurs ou simplement sembler inhabituel. Grand nombre de ces femmes se sentent moins attirantes et moins désirables. » Cette transformation de l’image de soi aurait un impact significatif sur le désir ressenti.
Autre aspect : le besoin de proximité physique serait souvent déjà pleinement comblé avec un bébé. « De nombreuses femmes estiment que la proximité de leur partenaire durant cette période devient presque excessive, car elles l’associent à la proximité constante qu’elles partagent déjà avec leur enfant. » S’y ajoutent le manque de sommeil, les tensions liées aux différents rôles, parfois des désillusions au sein du couple, ainsi qu’un regard renouvelé sur le partenaire, désormais perçu comme père. Tout cela peut rendre l’accès à sa propre sexualité encore plus difficile, explique Dania.
« La clé ne réside pas dans le fait de vouloir recréer la sexualité comme avant, mais de la réinventer pleinement. Il s’agit d’explorer, pour soi-même, ce que le plaisir et le désir peuvent signifier aujourd’hui, libérés de toute attente. »
« Nos conversations ne tournent presque qu’autour des enfants. Comment pouvons-nous raviver notre relation de couple et sortir du seul rôle de parents ? »
La naissance d’un enfant représente un véritable bouleversement pour la majorité des couples, explique Dania. « Elle constitue un énorme changement auquel les couples ne se préparent généralement pas suffisamment. Il est rare que l’on prenne le temps, en amont, de discuter réellement de la répartition des nouveaux rôles ou de l’organisation des processus au quotidien. Souvent, on se dit : « Ça finira bien par se faire. » Une fois l’enfant venu au monde, les parents sont tout simplement dépassés.
Dans ce contexte de surmenage, les schémas traditionnels ancrés dans la société refont souvent surface, explique l’experte : la mère assume instinctivement la gestion du ménage et des enfants, tandis que le père se concentre sur son rôle de chef de famille. « Le problème, c’est que dans de nombreux cas, les mères travaillent en plus, ce qui ne fait qu’accroître le stress. Les couples se retrouvent souvent dans une dynamique où ils ne font que fonctionner, luttant au quotidien pour tenir le coup et survivre à cette nouvelle réalité, surtout durant les premiers mois ou les premières années avec un bébé. »
Ce qui disparaît le plus fréquemment au sein du couple, c’est sa complicité. La relation passe au second plan. Et ce qui subsiste, c’est tout au plus l’équipe « famille », mais l’équipe « nous deux » s’efface peu à peu. « Il est essentiel pour les couples d’apprendre à entretenir leur relation de façon intentionnelle et réfléchie. La complicité a besoin de temps, d’énergie et d’espace : des moments où l’on s’engage l’un envers l’autre, où l’on vit ensemble des choses nouvelles et où l’on crée consciemment une proximité, au-delà du rôle de parent. »
« J’ai l’impression de n’être plus qu’une maman. Comment me retrouver en tant que femme ? »
« La perception de soi est profondément influencée par les transformations liées à la grossesse et à la maternité », explique Dania. Le corps de la femme subit des transformations profondes et significatives durant cette période, souvent en contradiction avec les standards idéalisés imposés par la société. « Beaucoup de femmes se perçoivent ensuite comme moins séduisantes, moins intéressantes, trop grosses, trop maigres, trop plates, etc. » Il y a toujours quelque chose qui est ressenti comme étant « trop » ou « pas assez ».
Ce sentiment constant de ne pas être à la hauteur conduirait les femmes à se sentir étrangères à leur propre corps, à douter d’elles-mêmes ou à faire d’énormes efforts pour « redevenir comme avant ». Que ce soit en comparaison avec l’apparence d’avant la grossesse ou même avec celle de l’adolescence. « On oublie souvent l’incroyable beauté que le corps peut révéler à travers la maternité. »
Plutôt que de se battre contre son propre corps, il est essentiel d’adopter une approche d’adaptation : apprendre à habiter ce nouveau corps, à s’y sentir en harmonie, et à voir les changements non pas comme un défaut, mais comme le reflet de la force et de l’accomplissement, car : « Ce corps a accompli quelque chose d’exceptionnel, il a donné la vie. C’est précisément là que résident une dignité et une beauté à révéler. »
« Je ne sais pas si je veux retourner à mon ancien métier ou me réorienter. Comment savoir ce qui me convient vraiment ? »
Dania souligne que de nombreuses femmes ne prennent conscience qu’après la naissance de leur enfant que leur travail perd soudain l’importance qu’il avait auparavant. « La confirmation, l’estime de soi et la reconnaissance, autrefois nourries par la carrière, les succès et le statut social, cèdent souvent la place à un désir inattendu : celui de rester pleinement à la maison pour s’occuper de son enfant. » Pour beaucoup, c’est un choc.
À l’inverse, certaines femmes continuent de s’épanouir pleinement dans leur carrière, trouvant du plaisir et de la satisfaction à travailler avec passion dans ce domaine. Cela n’exclut toutefois pas un sentiment de culpabilité. Ce dernier peut être inné ou renforcé par l’influence de l’entourage de la mère. « À cela s’ajoute souvent une surcharge pratique : manque de soutien au quotidien, répartition peu claire des tâches et sentiment de ne pas être vraiment à la hauteur, ni pour l’enfant ni pour le travail. » Cette perception provoque frustration, conflits intérieurs et, bien souvent, un profond sentiment d’incompétence.
Pour certaines, la maternité marque également un tournant profond : « De nouvelles idées, une créativité accrue et des ambitions professionnelles émergent, mais leur réalisation s’avère souvent compliquée en raison des responsabilités et des contraintes qui réduisent la liberté d’action. »
Dans l’accompagnement thérapeutique, il est essentiel de ne pas établir de distinction entre le « juste » et le « faux », ni de se laisser guider par des normes ou des représentations sociales. L’objectif est plutôt de définir ensemble le véritable désir de la patiente, en faisant abstraction des attentes et des normes.
« Je n’ai presque plus de temps pour moi ou pour ce qui m’intéresse. Comment puis-je me créer de l’espace pour moi-même sans être constamment rongée par la culpabilité ? »
Pour de nombreuses mères, trouver du temps pour soi représente une difficulté majeure. En effet, elles éprouvent souvent le sentiment d’être dépassées. « De plus, de nombreuses femmes ont grandi en croyant que les loisirs et les hobbies étaient des activités superflues, dépourvues de valeur ajoutée tangible ou ne rapportant rien. » Cela engendre souvent une frustration sourde qui, avec le temps, peut évoluer en tristesse profonde et en un déséquilibre intérieur.
C’est justement pour cela qu’il est essentiel de s’accorder, de manière consciente, des moments dédiés à soi-même. « Seule celle qui parvient à prendre du recul par rapport à sa famille peut véritablement se percevoir comme un être humain autonome, doté de ses propres besoins, intérêts et aspirations. » Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette expérience est essentielle pour insuffler de l’énergie et raviver la vitalité au sein de toute la famille.
Pour y arriver, selon Dania, il faut souvent se poser les questions suivantes : qu’est-ce qui me plaisait avant ? Qu’est-ce qui me passionne encore aujourd’hui ? « Même lorsque le temps semble manquer, des solutions existent généralement. Tout est avant tout une question de priorités. » Et ce sont précisément ces priorités qui devraient être redéfinies pour poser les bases d’une vie équilibrée et épanouie.
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En tant que fan de Disney je vois toujours la vie en rose, je vénère les séries des années 90 et les sirènes font partie de ma religion. Quand je ne danse pas sous une pluie de paillettes, on me trouve à des soirées pyjama ou devant ma coiffeuse. PS Le lard est un de mes aliments favoris.
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