« Caramel est parti au ciel... »
En coulisse

« Caramel est parti au ciel... »

Patrick Vogt
2/12/2022
Traduction: Martin Grande

Le deuil est un sentiment qui touche tout le monde à un moment ou à un autre. La mort d’un animal de compagnie peut aussi nous rappeler l’aspect éphémère de la vie. Lorsque cette mort est soudaine et inattendue, la leçon est d’autant plus difficile à retenir.

« ...it hurts like so, to let somebody go... », chantent Coldplay et Selena Gomez à la radio. Oui, ça fait mal de voir quelqu’un partir. D’autant plus quand ce quelqu’un meurt. Peu importe qu’il s’agisse d’un être cher ou d’un animal bien-aimé. Dans ma famille, nous l’avons récemment appris à nos dépens.

L’été dernier, nous avons dû accepter le départ de Clyde. Il a été renversé par une voiture et laissé pour mort sur le bord de la route. De tous les chats du monde, c’est notre chat tigré qui n’atteindra pas ses sept ans. Lui, le maître du câlin, qui adorait passer son temps sur nos genoux. Le plus douloureux, c’est que notre fille a vécu toute sa vie avec Clyde. Ces deux-là étaient inséparables. Elle avait à peine une semaine que le chat venait déjà s’allonger à ses côtés.

Cœurs et âmes, dès le début...
Cœurs et âmes, dès le début...
Source : Patrick Vogt

Il est parti du jour au lendemain. Une telle chose est déjà assez difficile à appréhender pour nous, les adultes. Imaginez l’état d’esprit d’un enfant de deux ans et demi. En tout cas, nous avons expliqué à notre fille que son Clyde était maintenant dans les étoiles et qu’il ne pourrait plus en revenir. Mais il restera aussi à jamais dans son cœur. Elle semble effectivement le comprendre, la plupart du temps. Parfois, il arrive quand même qu’elle demande des nouvelles de son Clyde, parce qu’il lui manque. Alors, nous, les parents, sommes émus et devons lui expliquer à nouveau, les yeux remplis de larmes, que Clyde ne reviendra pas. Parfois, elle pleure un peu... et nos cœurs de parents se brisent encore un peu plus.

Collés comme du chewing-gum
Collés comme du chewing-gum
Source : Patrick Vogt

« Effondrement » au crématorium

Entendons-nous bien : mon cœur s’est brisé dès l’instant où la commune nous a appelés pour nous informer que des employés de la voirie avaient trouvé notre Clyde mort au bord de la route et l’avaient emporté. S’en est suivie la question au téléphone : « Vous voulez venir le chercher ? Sinon, nous pouvons aussi le jeter au centre de collecte des cadavres ». LE « JE-TER » ?! Jeter notre petit chaton qui a fait partie de notre vie pendant près de sept ans et qui nous a donné tant d’amour durant cette période ?! Hors de question ! Bref, les cendres de Clyde sont aujourd’hui dans notre jardin, sous un petit arbre. Nous l’avons enterré et avons ainsi pu lui faire nos adieux lors d’une petite cérémonie.

C’était un adieu en larmes, mais ça nous a fait du bien. Le pire moment, au crématorium des animaux, était déjà passé. Une fois les formalités remplies, on m’a demandé si je voulais prendre quelques minutes pour dire au revoir à Clyde. Ce geste plein de compassion, associé à la grande tristesse que j’avais jusque-là ravalée pour garder mon sang-froid, a fini par m’envahir de la tête aux pieds. Je me suis accroupi par terre à côté de notre chat et j’ai pleuré comme une madeleine pendant plusieurs minutes. Je me suis senti comme libéré. Ce qui m’a fait flancher dans l’instant, c’est l’empathie de la dame du crématorium. Elle peut comprendre qu’il ne s’agisse pas simplement de « jeter un animal », mais qu’un membre de la famille s’en va réellement. Je lui en ai été très reconnaissant et je le suis encore aujourd’hui.

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Tout le monde ne montre pas autant d’empathie. Il ne faut d’ailleurs pas s’y attendre. Il n’empêche que des propos tels que « reprends-toi, ce n’était qu’un animal » sont difficiles à digérer. Je n’oblige personne à accepter l’amour des animaux, mais dans un tel moment, je souhaite un minimum de respect pour mes sentiments. Parfois, mieux vaut savoir se taire.

Nous l’avons ramené à la maison, notre Clyde.
Nous l’avons ramené à la maison, notre Clyde.
Source : Patrick Vogt

La tristesse a mille visages

La façon de chacun·e d’appréhender la mort d’un animal de compagnie est très personnelle. Notre petite histoire familiale n’est pas un guide pratique et ne prétend pas à une quelconque forme d’universalité. Il n’y a pas de tristesse unique, de bonne ou de mauvaise façon de se sentir. Chacun·e est différent·e et c’est tant mieux. L’important, c’est de faire avec. Il n’est pas possible d’ignorer ou de repousser le deuil ad vitam æternam. Comme toutes les émotions, elle doit sortir, et plus tôt c’est, mieux c’est. Vous trouvez cela difficile ? Alors faites-vous aider, dans la vie personnelle ou professionnelle.

Ma plus grande difficulté dans la vie a toujours été d’accepter la perte d’un être cher. Cela peut paraître banal, mais pour moi, c’était à chaque fois le pas le plus grand et le plus déterminant pour regarder à nouveau vers l’avant. Je ne comprendrai jamais vraiment la mort ni même les circonstances qui la provoquent. Mais ce n’est pas grave.

Ce dont je suis sûr, par contre, c’est que Clyde restera à jamais dans nos cœurs, même s’il ne redescendra pas des étoiles.

Photo d’en-tête : Patrick Vogt

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Je suis un papa et un mari pur-sang, un nerd et un éleveur de poulets à temps partiel, un dompteur de chats et un amoureux des animaux. J'aimerais tout savoir, mais je ne sais rien. Je sais encore moins de choses, mais j'en apprends tous les jours. Ce qui me plaît, c'est le maniement des mots, parlés et écrits. Et c'est ce que je peux démontrer ici. 


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