Plus que des lampes : le studio David Pompa, basé au Mexique, fabrique des sculptures lumineuses en pierre volcanique. Pour ce faire, il se plonge profondément dans la matière. Avec pour objectif de concevoir des produits durables.
En outre, nous voulons suivre le mouvement qui raccourcit de plus en plus les chemins. Jusqu’à présent, un produit passait d’abord des créateurs à l’entreprise de fabrication, à la marque, au distributeur, puis peut-être au bureau d’architecture. Nous estimons que ce délai entre la première idée et le client final est trop long.
Termine la phrase : « Le design a besoin de plus de... »
Comme une pom-pom girl, je soutiens le bon design et vous fais découvrir tout ce qui a trait aux meubles et à l’aménagement intérieur. Régulièrement, je vous présente des astuces d’intérieur simples mais raffinées, je parle des tendances et j’interviewe des esprits créatifs sur leur travail.
En coulisse
Des informations intéressantes sur le monde des produits, un aperçu des coulisses des fabricants et des portraits de personnalités intéressantes.
La forme et la couleur minimalistes des lampes du studio de design David Pompa dégagent un calme particulier. Et ce, même si les fragments de pierre sont les témoins d’explosions volcaniques passées. David Pompa, qui donne son nom au studio et qui est membre de l’équipe, semble lui aussi serein. Lors de notre entretien sur son leitmotiv en matière de design, ce Mexicain de mère autrichienne choisit très soigneusement ses mots. Il n’aime pas prononcer le mot « je », car il n’est pas du genre à faire cavalier seul, mais plutôt membre affirmé d’une équipe.
Après avoir étudié le design de produits à Londres, il a fondé son propre bureau de design de produits et de graphisme, qui réalisait d’abord des commandes pour d’autres marques. Cependant, il y a environ 13 ans, cet homme de 37 ans a voulu se lancer dans ses propres projets. C’est par hasard, lors d’un de ses voyages annuels au Mexique, qu’il a découvert le « barro negro » à Oaxaca. Jusqu’alors, cette argile noire n’était utilisée que pour des objets folkloriques. David Pompa et son équipe ont voulu changer cela et transformer ce matériau d’apparence grossière en quelque chose d’élégant. Il s’agissait aussi de mettre en avant le fait main et de le traduire dans un style contemporain.
Pourquoi n’as-tu jamais voulu travailler seul ? David Pompa : Lorsque j’ai créé mon entreprise à 20 ans et que j’ai embauché mes premiers collaborateurs, ils avaient à peu près le même âge que moi. À l’époque, je trouvais étrange de vouloir établir des structures hiérarchiques et partais aussi régulièrement pour de longs voyages. Cela aurait été impossible sans renoncer à des responsabilités. De plus, je pense encore aujourd’hui que l’équipe constitue la partie la plus pertinente de notre entreprise. Le nom « David Pompa » s’est imposé à l’époque uniquement parce que de nombreux esprits créatifs ont donné leur propre nom aux studios, par exemple Tom Dixon. Aujourd’hui, je ne le ferais plus. Cependant, changer le nom maintenant est difficile, car il est déjà bien établi.
Que conçoit votre studio aujourd’hui ? Nous réalisons des sculptures lumineuses uniques. Contrairement aux fabricants habituels, nous travaillons l’essence d’un matériau qui est culturellement et géographiquement ancré au Mexique. Nous commençons toujours par des recherches approfondies et travaillons notamment avec le département de géologie de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM). Nous recherchons ensuite les meilleurs ateliers locaux pour réaliser ensemble des objets et exploiter tout le potentiel d’un matériau.
Le studio de design David Pompa travaille beaucoup avec une pierre typiquement mexicaine. Ses produits font référence aux matériaux et à l’artisanat traditionnels du Mexique. Source : Pia Seidel
Quel est ton leitmotiv personnel lors de la conception ? Mon approche est très différente de la conception classique du design industriel, dans laquelle un designer de génie dessine et réalise quelque chose tout seul. Je préfère travailler avec notre équipe internationale et nos ateliers d’artisanat sélectionnés. D’ailleurs, ce travail collaboratif et organique est également très caractéristique du Mexique. Si je devais présenter le Mexique de manière précise, je dirais qu’à la différence de l’Europe, ce pays constitue un melting-pot de cultures et de personnes différentes qui, ensemble, créent quelque chose à partir du chaos. La cuisine mexicaine fonctionne de la même manière.
La série « Ambra » combine des pierres anciennes avec de l’aluminium. Source : Pia Seidel
Comment fais-tu pour trouver l’inspiration ? C’est un grand défi pour les personnes créatives de classer les impressions de manière à les trouver quand tu en as besoin. La technologie aide bien sûr, mais j’utilise plusieurs appareils. Par exemple, je rassemble des idées sur mon iPad et mon ordinateur portable et je m’envoie environ vingt e-mails par jour avec des photos et des notes. Je suis convaincu que le processus de conception ne commence pas seulement lors d’une nouvelle commande. En effet, il commence par les observations faites durant les mois ou les années précédentes.
Qui sont tes héroïnes et tes héros en matière de design ? Lorsque j’étais étudiant, il s’agissait des grands comme Philippe Starck, Marc Newson ou Jasper Morrison que nous admirions tous. Aujourd’hui, c’est plutôt quelqu’un comme Achille Castigilioni. Il a conçu il y a une soixantaine d’années des choses comme la lampe de table « Taccia », qui a encore du succès aujourd’hui. C’est un objectif que les créateurs devraient avoir : concevoir des pièces intemporelles.
La pierre mexicaine « toba volcánica » représente l’élément le plus important des sculptures lumineuses. Elle est composée de minéraux, de verre et de débris volcaniques et s’est formée il y a un million d’années lors de graves éruptions. Source : Pia Seidel
Quelle tendance contemporaine aimes-tu ? Et laquelle ne te plaît pas du tout ? Les tendances en matière de design sont notre ennemi absolu. Si nous regardons un projet et qu’un membre de l’équipe déclare qu’il est plutôt à la mode, on l’abandonne. Nous avons déjà renoncé à mettre sur le marché des projets prometteurs. Il n’y a rien de pire pour nous que d’expédier des sculptures lumineuses du Mexique en Suisse qui sont passées de mode au bout de cinq ans et doivent être retirées. En ce moment, nos lampes sont par exemple accrochées au Gin Lab Turicum de Zurich.
La série de suspensions appelée « Meta » est accrochée au Turicum Gin Lab à Zurich. Source : Valentina Verdesca
Temps. De nos jours, nous ne prenons pas assez le temps. Instagram alimente la gratification instantanée sur un post. Les rendus photoréalistes ou la réalité virtuelle permettent de visualiser immédiatement une idée. Dans certains domaines, c’est passionnant, mais dans le design de produits, je trouve que c’est précipité. Nous développons une série de sculptures lumineuses sur quatre ans en moyenne. Nous pensons qu’un bon produit nécessite une phase de développement approfondie et que ce n’est qu’à ce moment-là qu’il peut devenir durable, dans le sens de matériaux respectueux de l’environnement et d’une pertinence de longue durée. Heureusement, mon papa est ingénieur au sein de notre entreprise. Il veille à ce que suffisamment de temps soit consacré au développement des produits, même si je fais parfois preuve d’impatience.
Les séries de lampes de David Pompa demandent jusqu’à quatre ans de travail. Source : Pia Seidel
Si par hasard vous vous trouvez à Mexico City, l’exposition « Sociedad Volcánica » a lieu du 5 au 17 février dans le cadre de la Mexico City Art Week. Elle se concentre sur la formation des pierres antiques et sur la recherche, notamment par le biais de conférences destinées à susciter un débat autour des thèmes géologiques.
